« Peanut ne serait probablement pas anxieuse si tu ne l’étais pas toi-même ! »
Ça fait un moment que j’ai envie d’écrire un article sur l’anxiété du chien (ou du moins, sur l’anxiété de mon chien) et que je retarde sa rédaction parce que je ne sais pas comment m’y prendre. C’est un sujet sur lequel j’ai beaucoup de choses à dire et sur lequel j’ai entendu beaucoup de choses contradictoires (et ça, c’est sans compter toutes les remarques désagréables et inutiles dont je me serais bien volontiers passée ces quatre dernières années).
Vivre avec un chien anxieux, c’est avant tout vivre avec un chien sensible. Et parfois, ça n’est même pas plus compliqué que ça. En tout cas, pour Peanut et moi, ça n’a jamais été plus compliqué que ça. Quand j’ai commencé mes recherches sur l’anxiété du chien, j’ai souvent lu et entendu que les chiens anxieux étaient malheureux, peureux ou dangereux. Qu’ils souffraient d’anxiété parce que leurs maitres étaient eux-mêmes anxieux, qu’il fallait les ignorer lorsqu’ils sont en détresse sous peine de renforcer leur anxiété et que la seule solution pour les soulager consistait à leurs prescrire des traitements médicamenteux… Et c’est peut-être vrai pour certains chiens anxieux (comme je le répète souvent, je ne suis ni vétérinaire, ni éducatrice canin, ni comportementaliste et mon avis n’est pas celui d’une professionnelle), mais pour Peanut et moi rien de tout cela ne s’est avéré être vrai.
Si aujourd’hui l’anxiété de Peanut est encore loin d’avoir disparu (d’ailleurs, je ne suis même pas certaine qu’elle disparaitra complètement un jour), elle est plus facile à anticiper, à reconnaître et à gérer. Cela ne s’est pas fait en un jour (ni en une semaine, un mois ou une année), mais je suis maintenant capable de comprendre ce qui déclenche ces crises d’angoisses, d’essayer d’éviter les stimuli qui les provoquent et d’aider Peanut à retrouver son calme.
L’anxiété de Peanut
Comment l’anxiété de Peanut est-elle apparue ?
Je soupçonne Peanut d’avoir toujours été un petit chien anxieux (et je me soupçonne de ne pas l’avoir compris tout de suite)…
Mais je dirais que tout cela a réellement commencé avec de l’anxiété de séparation quand elle avait à peu près quatre mois (ou du moins, c’est à ce moment-là que j’ai commencé à me dire que son comportement en mon absence n’était pas juste un truc de chiot et qu’il y avait peut-être autre chose). À l’époque, je retrouvais souvent mon appartement sens dessus dessous après m’être absentée (il m’arrivait même de me demander même si ce n’était pas plutôt l’oeuvre de cambrioleurs, d’un tremblement de terre ou d’une tornade), je l’entendais pleurer dès que je quittais l’appartement sans elle et il n’était pas rare que je l’entende également (trois étages plus bas) lorsque je rentrais à nouveau dans mon immeuble (je n’ai jamais su si elle pleurait tout au long de mon absence, mais j’ai toujours supposé que ce n’était pas le cas puisque je n’ai jamais eu de problème avec mes voisins).
La situation est restée (plus ou moins) inchangée pendant quelques temps (en grande partie parce que tout ce que j’avais réussi à mettre en place pour augmenter la tolérance de Peanut vis-à-vis de mes absences est finalement tombé à l’eau après le premier confinement). Et ce n’est qu’un an et demi plus tard, après un violent courant d’air qui a fait claquer toutes les portes et toutes les fenêtres de mon appartement, que la situation de stress de Peanut s’est empirée et qu’elle a commencé à avoir très peur du vent (ou plutôt, du bruit que fait le vent lorsqu’il souffle très fort).
À ce moment-là, je pense que je n’avais pas encore réellement envisagé que Peanut puisse souffrir d’anxiété (même si l’idée m’avait probablement déjà traversé l’esprit, je pense qu’à mes yeux ça n’était rien de plus qu’un peu d’anxiété de séparation et une phobie étrange).
Mais un jour (il me semble que c’était quelques semaines après le violent courant d’air), Peanut a fait sa toute première crise d’angoisse. Alors que pendant une minute, tout allait bien. À la suivante, elle s’est mise à trembler très fort, à haleter et à se recroqueviller sur elle-même dans son panier. Je ne me souviens pas bien de tout le déroulement de cette journée (probablement parce que j’ai fini par paniquer en voyant Peanut dans cet état), mais je me souviens que je n’avais absolument aucune idée de ce qui se passait et que mon premier réflexe a été de téléphoner à mon vétérinaire.
Quels ont été les (bons et mauvais) conseils de mon vétérinaire ?
Quand je suis arrivée dans le cabinet de consultation de mon vétérinaire quelques jours après la première crise d’anxiété de Peanut, je ne pensais pas en ressortir à peine vingt minutes plus tard avec une longue liste de préjugés sur les shiba-inu, une ordonnance pour des anxiolytiques et quelques conseils pour (soi-disant) aider Peanut avec son anxiété (si je dis soi-disant, c’est parce que les conseils de mon vétérinaire étaient simplement d’ignorer Peanut et de ne pas la consoler au risque de renforcer son anxiété). Je me souviens qu’à l’époque j’avais émis quelques doutes vis-à-vis de tout cela, mais que j’avais finalement décidé d’écouter l’avis du professionnel que j’avais en face de moi (pour ma défense, j’étais nettement moins bien renseignée qu’aujourd’hui et, surtout, je pensais naïvement que mon vétérinaire savait absolument tout de la psychologie du chien).
Je n’ai finalement tiré aucun enseignement (et gardé aucun conseil) de cette consultation avec mon vétérinaire (à part, peut-être, le fait que je ne consulterai plus jamais un vétérinaire généraliste pour des problèmes comportementaux). Il me semble que sur les trois mois de traitements médicamenteux prescrit à l’origine par le vétérinaire, j’ai fait subir à Peanut les effets des médicaments une dizaine de jours (non seulement je ne voyais aucun effet sur son anxiété puisqu’elle continuait à faire des crises d’angoisses qui pouvaient parfois durer des heures, mais en plus elle ne semblait plus s’intéresser à rien : elle ne jouait plus, n’appréciait plus ses promenades, ne cherchait plus à rencontrer d’autres chiens). Au même moment, j’ai également décidé de faire confiance à mon instinct, d’arrêter d’appliquer les conseils du vétérinaire et de recommencer à réconforter Peanut (ce déclic, je l’ai eu un soir où elle a angoissé pendant près de quatre heures sans jamais se calmer jusqu’à ce que je la prenne dans mes bras où elle s’est finalement endormie en moins de dix minutes).
Je m’en suis voulu, énormément et pendant longtemps, d’avoir laissé Peanut souffrir de son anxiété…
Comment je gère les crises d’anxiété de Peanut aujourd’hui ?
Je suis (malheureusement) incapable de faire disparaitre l’anxiété de Peanut pour le moment (et honnêtement, je ne sais même pas si j’en serai réellement capable un jour), mais à défaut de la faire disparaitre, j’ai appris à la reconnaitre, à l’anticiper et même à la gérer (et je suis presque sûre que Peanut s’en est rendu compte puisqu’elle vient systématiquement me chercher et me demander du réconfort lorsqu’elle commence à angoisser).
Au fil des mois et des années, j’ai créé tout un rituel de retour au calme pour aider Peanut à surmonter ses crises d’anxiété (évidemment, je sais que ce n’est pas une solution miracle et que l’idéal serait de parvenir à faire disparaitre les crises, mais je fais ce que je peux pour aider Peanut avec mes connaissances actuelles). Je la rassure en lui parlant gentiment, je l’emmitoufle dans un plaid avec son odeur, je la prends dans mes bras et je lance une playlist de musiques relaxantes (et même si ce rituel n’a rien de vraiment exceptionnel, elle finit par se calmer après seulement quelques minutes).
Qu’est-ce que je souhaite mettre en place à l’avenir ?
J’envisage de consulter un vétérinaire comportementaliste pour obtenir l’aide d’un professionnel (et j’espère qu’il me proposera de procéder à une désensibilisation de ce qui est à l’origine des angoisses de Peanut pour que je puisse enfin les faire disparaitre). J’ai bien conscience que mes connaissances d’aujourd’hui ont des limites et que les dizaines de livres et d’articles que j’ai lu sur le sujet ne seront jamais suffisant pour libérer Peanut de son anxiété.
Et même si l’anxiété de Peanut n’a jamais été un frein dans notre quotidien (ni pour elle, ni pour moi), même si je pense que ça ne l’a jamais empêchée de vivre sa vie de chien normalement (en ce qui me concerne, je dirais même que son anxiété m’a bien plus servie que desservie compte tenu de tout ce que cela m’a appris ces quatre dernières années), j’aimerais que Peanut puisse simplement vivre une vie sans angoisse (et, tant qu’à faire, sans peur et sans douleur aussi).
Je suis certaine qu’il me reste encore de la manière pour écrire des dizaines de lignes supplémentaires sur Peanut et l’anxiété (et je suis certaine qu’il me suffirait de creuser un peu dans ma mémoire pour les retrouver), mais je pense que cet article est déjà suffisamment complet comme ça. Alors, puisqu’il faut bien s’arrêter quelque part, je vais simplement le clôturer et passer à la rédaction du suivant…
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