« Tu veux adopter un shiba-inu comme premier chien ? C’est une mauvaise idée, tu risques de le regretter ! »
J’avais souvent droit à ce genre de réflexion lorsque j’expliquais que je rêvais d’adopter un shiba-inu comme premier chien. Trop anxieux, trop difficiles à éduquer, trop énergiques, trop hargneux, trop têtus. On peut entendre beaucoup de choses sur les shiba-inu. Vraiment beaucoup de choses. C’était déjà le cas avant l’adoption de Peanut, ma petite shiba-inu, il y a cinq ans et c’est toujours le cas aujourd’hui. C’est d’ailleurs après un énième échange de ce genre que je me suis décidée à prendre un peu de temps pour revenir sur tout ce que j’ai pu lire et entendre sur les shiba-inu au cours de ces dernières années (et, tant qu’à faire, essayer de démêler le vrai du faux).
« Les shiba-inu sont difficiles à éduquer »
Faux ! Ou du moins, pas nécessairement. Je ne dirais pas que les shiba-inu sont difficiles à éduquer, mais je ne dirais pas non plus que leur éducation se fait facilement. Je pense qu’il suffit simplement d’utiliser les bonnes méthodes d’éducation. Une éducation positive, cohérente et juste. Les shiba-inu sont des chiens primitifs. Ce qui signifie que leurs caractéristiques physiques et comportementales ont été très peu modifiées par leurs contacts avec les êtres humains. En d’autres termes, leurs instincts primitifs sont toujours très ancrés dans leurs comportements (c’est pour ça qu’ils sont têtus et indépendants, notamment). Mais ça ne veut pas dire qu’il est impossible de les éduquer ! Comme tous les autres chiens, les shiba-inu aiment apprendre et être stimulés. Et comme tous les autres chiens, leur éducation demande du temps, de l’énergie et de la patience. Beaucoup de patience.
« Les shiba-inu ont mauvais caractère »
Faux ! Ce n’est pas parce que les shiba-inu sont des chiens avec beaucoup de personnalité qu’ils ont nécessairement mauvais caractère (d’ailleurs, petite précision d’une grande importance : avoir du caractère n’a jamais été synonyme d’avoir mauvais caractère, d’être méchant ou d’être agressif).
« Les shiba-inu sont têtus »
Vrai ! Je pense que je n’ai jamais rencontré un shiba-inu qui n’était pas têtu, ce sont de vraies têtes de mule !
Et, au-delà d’être une simple constatation personnelle, c’est surtout une question de sélection génétique (parce que, contrairement à d’autres races qui sont sélectionnées et reproduites depuis des générations pour leur amour du travail et leur plaisir à répondre aux demandes des humains, les shiba-inu n’ont jamais été sélectionnés pour ces deux critères).
« Il est impossible d’apprendre le rappel à un shiba-inu »
Faux ! Les shiba-inu sont tout aussi capables d’apprendre le rappel que les autres chien. Ça ne sera peut-être jamais parfait et ça demandera probablement beaucoup de patience, mais ça n’est définitivement pas impossible. Ou du mois, pas si on leur laisse une chance de l’apprendre !
« Les shiba-inu sont intelligents »
Vrai ! Les shiba-inu sont des chiens intelligents. Ils comprennent beaucoup de choses (probablement bien plus qu’on ne le pense), ils font attention aux moindre petits détails présents dans leur environnement et ils sont même capables de réfléchir par eux-mêmes (d’ailleurs, la plupart du temps, quand un shiba-inu ne fait pas ce qu’on lui demande, ce n’est pas parce qu’il n’a pas compris ce que son humain essaye de lui dire, mais plutôt parce qu’il ne voit pas l’intérêt d’obéir et qu’il choisit délibérément de ne pas le faire).
« Les shiba-inu ne sont pas sociables »
Faux ! Les shiba-inu ne sont ni asociaux, ni autistes. Ou du moins, je ne pense pas qu’ils soient génétiquement programmés pour l’être (même si je lis et j’entends souvent dire le contraire de la part de vétérinaires et d’éducateurs canins). Jusqu’à présent, les shiba-inu n’ont, certes, jamais réellement été sélectionnés pour leur bonne entente avec leurs congénères (contrairement à d’autres races qui, par exemple, sont sélectionnées et reproduites depuis des générations pour leur capacité à coopérer avec d’autres chiens lors de la chasse à courre ou de l’attelage), mais ça ne signifie pas pour autant qu’ils ne sont pas sociables ! Je pense plutôt que certains chiens sont indépendants et introvertis de nature, alors que d’autres sont plutôt amicaux et extravertis. Un peu comme les humains. Et je pense que les shiba-inu ont plutôt tendance à faire partie de la première catégorie.
Mais je pense aussi qu’il ne faut pas oublier que l’éducation du chien joue également un rôle dans sa sociabilité (même s’il est vrai qu’il y a surtout une grosse part de génétique puisque les chiens héritent de certains traits de caractère de leurs parents — à savoir que, dans ce cas, ce n’est pas vraiment la race qui doit être mise en cause pour le manque de sociabilité du chien, mais plutôt sa lignée ! —). Si la sociabilisation d’un chien est menée à bien lorsqu’il est chiot, il sera tout à fait capable de tolérer la présence de ses congénères tout au long de sa vie (je parle bien ici de sociabilisation et non pas de socialisation qui, bien qu’ils se ressemblent phonétiquement, sont deux différents aspects du développement du chiot — pour expliquer la différence entre ces deux termes en quelques mots : la sociabilisation, c’est permettre à son chiot d’apprendre à être sociable avec ses congénères en le mettant en contact avec d’autres chiens, et la socialisation, c’est permettre à son chien de découvrir le monde en lui faisant vivre tout un tas d’expériences positives —).
« Les shiba-inu ne s’entendent pas avec les autres chiens »
Faux ! Une fois de plus, les shiba-inu ne sont ni asociaux, ni autistes. Et ils n’ont pas systématiquement de problèmes avec les autres chiens non plus (ça aussi, je le lis et je l’entends souvent autour de moi). C’est, encore une fois, une question de sociabilisation (qui, je le rappelle, consiste à mettre son chiot en contact avec d’autres chiens afin qu’il puisse apprendre à être sociable avec ses congénères) ! En règle générale, si un chien est correctement sociabilisé lorsqu’il est chiot (et si son humain prend soin de bien sélectionner les congénères qu’il rencontre afin que tout se passe bien — parce que, ça aussi, c’est important —), il n’aura aucun mal à tolérer la présence d’autres chiens le reste de sa vie.
« Les shiba-inu sont snobs »
Faux ! Et ça ne peut pas être vrai pour une (très) simple et (très) bonne raison : le snobisme n’est pas un comportement canin. Lorsque l’on s’imagine qu’un shiba-inu snob quelqu’un, on attribue à un chien un comportement humain (c’est d’ailleurs ce qu’on appelle de l’anthropomorphisme). Cependant, lorsque je mets de côté le peu de connaissances que j’ai en éthologie canine, j’avoue que j’ai bien envie de répondre que les shiba-inu sont de parfaits petits chiens snob !
« Les shiba-inu sont des chiens sensibles »
Vrai ! Les shiba-inu sont des chiens très sensibles (et c’est pour cette raison qu’ils sont parfois anxieux).
« Les shiba-inu sont anxieux »
Faux ! Ou du moins, pas nécessairement. Même si ce sont de grands sensibles, les shiba-inu ne souffrent pas tous d’anxiété. Et s’il est vrai que l’on parle parfois de prédisposition aux troubles anxieux chez le shiba-inu (pour expliquer ça en quelques mots : cela signifie qu’ils sont plus susceptibles de développer de l’anxiété au cours de leur vie si cette dernière est génétiquement présente — bien qu’il n’y ait pas de gène de l’anxiété, c’est bien souvent un héritage des parents ou des grands-parents — et si l’environnement de vie ou les expériences sociales causent du stress et/ou des traumatismes), cela n’est tout de même pas (encore) considéré par les professionnels comme une caractéristique à part entière de la race.
« Les shiba-inu sont indépendants »
Vrai ! En règle générale, les shiba-inu sont assez indépendants. Ils aiment avoir leur propre espace et ne sont pas particulièrement pots de colle au quotidien (même s’ils sont très attachés à leurs humains et tout aussi fidèles que les autres chiens). Mais ça ne signifie pas pour autant qu’ils sont faits pour rester seuls pendant de longues périodes ! Les shiba-inu préféreront toujours la compagnie de leurs humains à la solitude (d’ailleurs, ils peuvent aussi souffrir de détresse d’isolement ou d’anxiété de séparation).
« Les shiba-inu sont rancuniers »
Vrai ! Les shiba-inu ne pardonnent pas facilement. Ou du moins, nettement moins facilement que les autres chiens (et je parle par expérience : il m’est arrivé un jour de marcher sur la patte de Peanut par accident et, même si je me suis immédiatement excusée en vérifiant si elle n’avait rien, elle m’a fait la tête toute une après-midi).
« Les shiba-inu sont agressifs »
Faux ! Les shiba-inu ne sont ni agressifs, ni hargneux, ni réactifs de nature (et c’est valable pour absolument toutes les races de chiens) !
Je pense que ce préjugé vient de la difficulté (d’une grande partie de la population) à réellement faire la différence entre agressivité, réactivité et instinct de prédation chez le chien. Si l’instinct de prédation peut effectivement être caractéristique d’une race comme c’est le cas pour le shiba-inu (à l’origine, il s’agit de chiens utilisés pour la chasse — de petits gibiers et d’oiseaux —, c’est la raison pour laquelle cet instinct est toujours profondément inscrit en eux), l’agressivité et la réactivité sont, quant à elles, liée au tempérament du chien, à son environnement de vie et à son éducation (pour expliquer tout cela en quelques mots : l’agressivité, c’est la tendance pour un chien à résoudre ses problèmes par des comportements agressifs et c’est généralement lié à d’autres instincts comme l’instinct de survie, l’instinct de reproduction ou encore l’instinct maternel, et la réactivité, c’est l’utilisation de réactions agressives dans certains contextes — qui sont toujours liées à la peur — et cela peut être dû à un manque de sociabilisation et/ ou de socialisation, à des traumatismes, à de l’anxiété, à une maladie, à des douleurs ou encore à l’hérédité — mais dans ce cas, c’est à nouveau la lignée du chien et non sa race qui doit être pointée du doigt ! —).
« Les shiba-inu sont des comédiens »
Faux ! C’est encore une fois un comportement qui n’appartient pas au registre comportemental des chiens (et c’est donc encore une fois de l’anthropomorphisme). Les chiens ne sont tout simplement pas capables de jouer la comédie (ou du moins, pas dans le sens dans lequel on l’entend en tant qu’humain). Je dirais simplement que les shiba-inu sont en réalité des chiens (très) sensibles et (très) expressifs et que cela fait d’eux de véritables drama queens et drama kings à quatre pattes !
« Les shiba-inu sont fugueurs »
Faux ! Ou du moins, pas nécessairement. Si certains shiba-inu sont de véritables rois de l’évasion dès leur plus jeune âge, d’autres ne penserons peut-être jamais à fuguer de leur vie. Tout cela dépend surtout du chien lui-même (de son tempérament, de ses instincts de prédation et de reproduction, de son éducation, de ses petites habitudes quotidiennes, etc).
« Les shiba-inu ont beaucoup d’énergie »
Vrai ! Les shiba-inu sont de vraies piles électriques (mais ça ne les empêche pas d’être calme la plupart du temps).
« Les shiba-inu n’aboient pas »
Vrai ! En règle générale, les shiba-inu ne sont pas de grands aboyeurs (lorsqu’un shiba-inu aboie, c’est soit parce qu’il joue avec un congénère, soit parce qu’il estime qu’il y a quelque chose qui cloche et qu’il est nécessaire d’en alerter son humain). Par contre, ils sont (vraiment) loins d’être muets ! Je dirais même qu’ils vocalisent beaucoup lorsqu’ils communiquent avec leurs humains (ils préfèrent simplement les gémissements, les soufflements et les cris de shiba-inu — bruit assez particulier qui, selon moi, se rapproche du cri du renard — aux aboiements).
« Les shiba-inu peuvent vivre en appartement »
Vrai ! Les shiba-inu (comme tous les autres chiens) peuvent vivre heureux en appartement, mais (comme tous les autres chiens) seulement sous certaines conditions. Premièrement, l’humain doit être prêt à consacrer (quotidiennement) suffisamment de temps et d’énergie à son petit compagnon à quatre pattes pour subvenir à ses besoins (physiologiques, physiques, sociaux et intellectuels). Et deuxièmement, l’appartement et le chien doivent être compatibles l’un avec l’autre (je ne pense pas qu’il soit particulièrement judicieux d’accueillir un vieux shiba-inu qui souffre d’arthrose lorsque l’on vit au septième étage d’un immeuble sans ascenseur, par exemple).
Je ne crois pas que certaines races de chiens soient plus adaptées à la vie en appartement que d’autres. Je pense plutôt que tous les chiens peuvent mener une existence heureuse dans un appartement si on leur offre de bonnes conditions de vie (et que, à contrario, tous les chiens peuvent vivre malheureux dans une maison avec un jardin si on néglige leur bien-être).
« Il ne faut surtout pas choisir un shiba-inu comme premier chien »
Faux ! C’est une remarque que j’ai souvent entendue avant l’arrivée de Peanut, ma petite shiba-inu, et je suis contente de ne pas l’avoir prise en compte. Je ne pense pas que certaines races de chiens soient plus adaptées que d’autres aux humains qui débutent en éducation canine. Ou du moins, pas si on est prêt à investir tout le temps, l’amour et l’énergie dont notre petit compagnon a besoin pour se sentir bien dans ses pattes. Mais cela étant dit, il est vrai que je ne pense pas non plus que toutes les races de chiens soient compatibles avec tous les types d’humains. C’est la raison pour laquelle l’adoption d’un chien doit toujours être un acte murement réfléchi (et ça, on ne le répètera sans doute jamais assez).
Quand on adopte un shiba-inu, on adopte un chien sensible, fougueux et indépendant. Pas une peluche, pas un jouet. Mais un être vivant qu’il faudra savoir apprécier pour ce qu’il est. C’est à dire un chien. Et qu’il faudra absolument éduquer avec patience, respect et bienveillance (enfin, je dis ça pour le shiba-inu aujourd’hui, mais c’est vrai pour tous les autres aussi). Le shiba-inu est un chien têtu, intelligent et énergique. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’il faut être éducateur canin pour réussir son éducation !
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