LIFESTYLE

Éducation positive et préjugés

10 avril 2024

« Tu éduques ton shiba-inu avec des méthodes d’éducation positive ? Tu perds ton temps, ça ne fonctionnera jamais ! »

J’avais parfois droit à ce genre de réflexion lorsque je me retrouvais à échanger quelques mots sur l’éducation canine (et sur les méthodes que j’avais choisi d’appliquer — ou, au contraire, de ne pas appliquer — pour l’éducation de Peanut, ma petite shiba-inu) lorsqu’elle n’était encore qu’un jeune chiot. Méthode bisounours, méthode extrémiste, méthode laxiste, méthode permissive. On peut entendre beaucoup de choses sur l’éducation positive. Vraiment beaucoup de choses. C’était déjà le cas il y a (un peu plus de) cinq ans lorsque je découvrais l’éducation canine à travers les pages de « Tout se joue avant un an ! — Les règles d’or de l’éducation positive du chiot » du Dr. Jean Cuvelier et Jean-Yves Grall et c’est (malheureusement) toujours le cas aujourd’hui. C’est d’ailleurs après un énième échange de ce genre avec un adepte de l’éducation traditionnelle que je me suis décidée à prendre un peu de temps pour revenir sur tout ce que j’ai pu lire et entendre sur l’éducation positive au cours de ces dernières années (et, tant qu’à faire, essayer de démêler le vrai du faux).

 

« L’éducation positive n’est pas une méthode efficace »

Faux ! L’éducation positive est efficace. Et cela fait des années que des études scientifiques le prouvent. Certaines personnes pensent que cette méthode n’est pas efficace parce qu’elle consiste simplement à dire oui à tout. Mais ce n’est absolument pas le cas. Choisir d’utiliser l’éducation positive, c’est choisir d’éduquer son compagnon à quatre pattes dans le respect en l’invitant à coopérer plutôt que le forcer à obéir par peur de représailles (tout en tenant compte de son tempérament, de ses prédispositions, de son état émotionnel du moment, de sa sensibilité, de l’environnement dans lequel il se trouve et de tout un tas d’autres choses). C’est choisir d’utiliser des méthodes d’éducation respectueuses de son bien-être. Comme le renforcement positif (qui consiste à renforcer positivement avec des récompenses — des caresses, des mots doux, des friandises, des séances de jeu — les comportements proposés par le chien afin d’augmenter la probabilité de leurs apparitions) et la punition négative (qui consiste à retirer quelque chose d’agréable pour le chien — éloigner des friandises, arrêter une séance de jeu, se détourner de lui — en réponse à un comportement proposé par le chien afin de diminuer la probabilité d’apparition de ce comportement). Et c’est choisir de bannir les méthodes coercitives. Comme le renforcement négatif (qui consiste à renforcer les comportements proposés par le chien en le retirant d’une situation inconfortable ou douloureuse afin d’augmenter la probabilité de leurs apparitions) et la punition positive (qui, quant à elle, consiste à ajouter quelque chose de désagréable — des cris, des menaces, des pincements, des coups sur la laisse, des contraintes physiques, des gestes violents — en réponse à un comportement proposé par le chien afin de diminuer la probabilité d’apparition de ce comportement). L’éducation positive ne consiste donc pas simplement à dire oui à tout (et à croiser les doigts pour que tout se passe bien)… C’est un peu plus compliqué que ça ! Enfin, bref.

Si l’éducation positive est comprise (et appliquée) correctement, il n’y a aucune raison pour qu’elle ne soit pas efficace !

« Les personnes qui utilisent l’éducation positive n’interdisent rien à leur(s) chien(s) »

Faux ! Certaines personnes pensent qu’avec l’éducation positive le chien est libre de faire ce qu’il souhaite parce que rien ne lui est interdit. Mais, une fois de plus, c’est complètement faux ! Ce ne sont pas les bonnes manières qui sont proscrites en éducation positive. Pas plus que les interdictions, les limites ou les règles ! Cela reviendrait à laisser les chiens se mettre en danger. Or, les humains sont responsables des animaux qu’ils choisissent d’adopter. Ce qui est proscrit en éducation positive, ce sont les méthodes coercitives autrefois utilisées pour enseigner les bonnes manières à nos compagnons à quatre pattes (comme la punition positive qui, je le rappelle, consiste à ajouter quelque chose de désagréable — des cris, des menaces, des pincements, des coups sur la laisse, des contraintes physiques, des gestes violents — en réponse à un comportement proposé par le chien afin de diminuer la probabilité d’apparition de ce comportement) !

« Les personnes qui utilisent l’éducation positive gavent leur(s) chien(s) de friandises »

Faux ! Certaines personnes pensent que l’éducation positive se résume à récompenser son chien en lui distribuant un maximum de friandises. Mais c’est assez loin de la réalité (et heureusement, parce que si c’était le cas, tous les chiens éduqués avec cette méthode seraient en surpoids) ! Utiliser des récompenses ne signifie pas forcément gaver son chien de friandises (on peut aussi récompenser avec des caresses, des mots doux et des séances de jeu — d’ailleurs, certains chiens sont bien plus motivés à l’idée de recevoir un jouet qu’un bonbon —).

« L’éducation positive ne fonctionne pas sans friandises »

Faux ! Il est tout à fait possible d’éduquer un chien avec des méthodes positives sans jamais utiliser de friandises (puisque, je le rappelle : l’éducation positive ne se résume pas uniquement à ça). En ce qui me concerne, je ne suis ni pour, ni contre. Mais j’avoue avoir beaucoup de mal à comprendre pourquoi certaines personnes refusent catégoriquement d’en utiliser.

« Si on utilise des friandises, ce n’est pas pour nous que le chien obéit »

Faux ! Ce n’est pas parce qu’on utilise des récompenses (et, parfois, des friandises) que le chien va choisir d’obéir uniquement lorsque l’on a quelque chose à lui offrir en échange. L’utilisation de récompenses permet de renforcer positivement des comportements proposés par le chien et d’augmenter la probabilité de leurs apparitions. C’est tout. Ça n’apprend pas au chien à choisir d’obéir dans certaines circonstances. Et, encore moins, à obéir à la récompense plutôt qu’à son humain.

« Si on utilise des friandises, on fait forcément de l’éducation positive »

Faux ! Une fois de plus, l’éducation positive ne se résume pas uniquement à la distribution de friandises. Utiliser les méthodes coercitives (crier, menacer, pincer, tirer sur la laisse, plaquer au sol, frapper) issues de l’éducation traditionnelle quand le chien ne fait pas ce qu’on lui demande et le gaver de friandises quand il obéit, ce n’est pas faire de l’éducation positive !

« L’éducation positive fonctionne uniquement avec les chiots »

Faux ! L’éducation positive fonctionne aussi bien avec les chiots qu’avec les chiens adultes (et les seniors).

« L’éducation positive n’est pas adaptée à toutes les races de chien »

Faux ! L’éducation positive est adaptée à toutes les races de chien. Toutes, sans exception ! Pour la simple et bonne raison qu’elle est (tout simplement) adaptée à tous les chiens.

« L’éducation positive prend beaucoup plus de temps que l’éducation traditionnelle »

Faux ! Ou, du moins, pas nécessairement. À vrai dire, je suis incapable de comparer objectivement l’investissement de temps que demande l’éducation positive et l’éducation traditionnelle (pour la simple et bonne raison que je n’ai jamais utilisé les méthodes coercitives issues de l’éducation traditionnelle). Cependant, je vais tout de même me permettre ajouter quelques éléments de réponse parce qu’il y a deux choses qui ont attiré mon attention lors de mes lectures sur le sujet. Premièrement, l’éducation traditionnelle semble parfois plus rapide que l’éducation positive pour obtenir des résultats. C’est vrai. Mais lorsque l’on tient compte des dégâts psychologiques causés par cette méthode, on réalise que ce n’est plus tout à fait exact (en effet, si ces dégâts nécessitent de devoir rééduquer le chien — devenu trop anxieux ou trop agressif — un peu plus tard dans sa vie parce qu’il n’est plus capable de vivre en société sans présenter un danger pour les autres ou pour lui-même, on se retrouve finalement à faire deux fois le travail — et ça, c’est sans compter qu’il est parfois plus compliqué de rééduquer un chien que de l’éduquer —). Et deuxièmement, la plupart du temps, la vitesse d’apprentissage dépend du chien et de son humain. Avec, d’un côté, la capacité du chien à apprendre (qui peut être illimitée pour tout un tas de raisons émotionnelles, environnementales et intellectuelles). Et, de l’autre, la capacité de l’humain à réellement comprendre son compagnon à quatre pattes. Il ne faut pas oublier que les chiens et les humains ne communiquent pas de la même manière (et que c’est parfaitement normal s’il y a parfois des incompréhensions) !

« L’éducation positive est moins efficace que l’éducation traditionnelle »

Faux ! L’éducation positive est aussi efficace que l’éducation traditionnelle. Enfin, dire ça comme ça, ce n’est pas tout à fait exact. Parce que, une fois de plus, si l’on tient compte des dégâts psychologiques causés par les méthodes coercitives issues de l’éducation traditionnelle, l’éducation positive est bien plus efficace !

« L’éducation positive est difficile à mettre en place sur le long terme »

Faux ! Il n’y a aucune raison pour que l’éducation positive soit difficile à mettre en place sur le long terme puisque cette méthode d’éducation est justement pensée comme ça. Je m’explique. Si on part du principe qu’un chien cherche toujours à obtenir les faveurs de son humain préféré. Une façon de penser qui a d’ailleurs été confirmée à de nombreuses reprises par des éthologues. Cela signifie que plus la relation entre un chien et son humain est positive, plus le chien cherchera à répondre aux demandes de mon humain. Parce qu’il sait qu’il en tira quelque chose de positif (des caresses, des mots doux, des friandises ou des séances de jeu). Et puisque, au-delà de ça, plus on pratique l’éducation positive, plus cela devient naturel. Comme à peu près tout dans la vie. On pourrait (presque) dire que l’éducation positive est, au contraire, plus facile à mettre en place sur le long terme !

« L’éducation positive est difficile à mettre en place lorsqu’il y a plusieurs maîtres »

Faux ! Ou, du moins, pas nécessairement. L’éducation d’un chien peut être difficile à mettre en place quand plusieurs humains sont concernés. C’est vrai. Mais ce ne sont pas les méthodes d’éducation qui rendent ça compliqué, ce sont les humains eux-mêmes. Leurs croyances, leurs envies et leurs valeurs. Ou, du moins, leurs différences. Cela ne veut pas dire qu’il est impossible d’éduquer un chien en famille. Pas du tout ! Ça signifie simplement qu’il est important de réfléchir (avant l’arrivée du chien à la maison) aux méthodes d’éducation canine qui seront utilisées. Et ça, c’est vrai pour l’éducation positive, mais aussi pour l’éducation traditionnelle !

« L’éducation positive a ses limites »

Vrai ! Et c’est complètement normal puisque l’éducation positive dépend directement d’un chien et d’un humain (qui ont eux-mêmes leurs propres limites).

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